Où habitez-vous? Quelle ville?
Je vis à Pantin, une ville située en banlieue parisienne, accolée à Paris. Comme toutes les communes de la petite couronne parisienne, elle est en pleine mutation, se rénove et s’urbanise, tout en restant vivante. La nature n’y a pas beaucoup de place, avec seulement 4,4 m² d’espaces vert par habitant.
Décrivez un élément du monde naturel ou physique qui vous a vraiment influencé dans votre enfance?
J’ai grandi dans la campagne provençale, près d’Aix-en-Provence. Les souvenirs des balades à cheval ou en courant dans la vallée de la Durance, l’odeur si caractéristique de la pinède et le bruit assourdissant des cigales en été.
Où avez-vous eu votre tout premier emploi?
À Natureparif, la première agence dédiée à la biodiversité créée dans une région française. J’y suis arrivé en 2009 lors de sa création, et j’y travaille toujours, 12 ans après! Elle est devenue l’ARB îdF (Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France) et a intégré l’Institut Paris Region, une agence d’urbanisme et d’environnement, ce qui permet de rapprocher les écologues et les urbanistes.
Que faites-vous maintenant et comment vous y êtes-vous retrouvé?
Je suis resté fidèle à l’agence régionale de la biodiversité. C’est une structure publique à l’interface entre science et société, qui produit de la connaissance sur la biodiversité régionale. C’est aussi un centre de ressources, qui conseille, forme et accompagne les acteurs vers des pratiques compatibles avec le vivant. J’ai intégré l’agence tout de suite après mon stage de Master dans l’association Orée, une structure qui s’attache à repenser les liens entre économie et biodiversité. Avec le temps, je me suis spécialisé dans écologie urbaine et la nature en ville.
Décrivez votre collaboration la plus intéressante ? Qu’est-ce qui l’a fait fonctionner?
Il est difficile de retenir un moment en particulier, parce que c’est dans le temps que se forgent les liens entre les villes et les écologues. Le fait que l’écologie soit devenue – au même titre que la question changement climatique – un sujet de première attention, est une grande satisfaction. Alors que nous n’étions que des « illuminés » amoureux « des petites bêtes », les métiers d’écologues et de naturaliste font l’objet d’une plus grande légitimité aujourd’hui.
Quelle est votre ville préférée?
Séville, en Espagne, pour sa chaleur humaine et climatique, son atmosphère, ses orangers en pleine ville. La ville Lecce en Italie m’impressionne aussi par sa faculté à conserver l’ancien et à accepter la végétation spontanée jusque dans les bâtiments historiques.
Quel est, selon vous, le principal défi auquel les villes sont confrontées aujourd’hui ?
La sortie de l’individualisme, et la nature a un grand rôle à jouer pour reconnecter les citadins. Et certainement, renverser la tendance de la métropolisation pour revenir à des systèmes urbains plus petits, dispersés et autonomes.
À quoi ressemble votre ville idéale?
Une ville qui valorise l’ancien, qui s’appuie sur son histoire et ses savoirs faire locaux, tout l’inverse de Masdar city ou des Ecovilles 2.0 ! Je suis passionné par la diversité des modes de vies, des terroirs, des savoirs, et déçu de constater une forme de standardisation des cultures. Les démarches envers la nature en ville ne sont pas épargnées, que ce soit en matière d’architecture, d’espaces verts, les effets de mode se propagent et nous répliquons les mêmes choses un peu partout.
Si vous pouviez inviter cinq personnalités publiques autour d’une table pour résoudre un problème mondial, qui seraient-elles et pourquoi?
J’ai toujours rêvé de pouvoir constituer un « conseil des sages ». Sans aucun doute, je convierai Michel Serres, philosophe auteur du Contrat Naturel ; Jacques Weber, anthropologue, qui a été mon « mentor » à la fin de mes études; Dominique Méda, une sociologue que j’apprécie pour sa hauteur de vue sur les questions sociales et écologique; Luc Abbadie, une référence en écologie scientifique et Christiane Taubira, une personnalité politique dont j’admire la sensibilité.